| Accueil | Créer un blog | Accès membres | Tous les blogs | Meetic 3 jours gratuit | Meetic Affinity 3 jours gratuit | Rainbow's Lips | Badoo |
newsletter de vip-blog.com S'inscrireSe désinscrire
http://usus.vip-blog.com


Les chroniques de l'impossible
VIP Board
Blog express
Messages audio
Video Blog
Flux RSS

Les chroniques de l'impossible

VIP-Blog de usus
  • 11 articles publiés
  • 0 commentaire posté
  • 1 visiteur aujourd'hui
  • Créé le : 02/02/2010 05:56
    Modifié : 12/02/2014 14:39

    Garçon (64 ans)
    Origine : Toul
    Contact
    Favori
    Faire connaître ce blog
    Newsletter de ce blog

     Juillet  2025 
    Lun Mar Mer Jeu Ven Sam Dim
    30010203040506
    07080910111213
    14151617181920
    21222324252627
    282930010203

    le dernier vol chapitre trois

    15/03/2010 16:48

    le dernier vol chapitre trois


    HEHEHE EEEEE  !!! la suite  !!!!!

    Vallys

     

    A la limite des terres sombres, Vallys, quittant les hautes vallées progressait dans un couloir naturel bordé d’escarpements rocheux. Les terres déjà explorées et connues se situaient plus à l’est mais il préféra ce chemin. Il avait une entière confiance dans son instinct de pisteur et avançait rapidement vers la grande forêt du Proho Sakaal. Malgré sa détermination, une quantité de questions se bousculaient dans sa tête. Qu’allait il trouvé dans cette forêt à la sinistre réputation ? Et au delà du Proho Sakaal?

    Plus il y pensait, plus il se rendait compte que sa mission était des plus hasardeuse. Quelque chose s’était introduite dans le village, quelque chose de malveillant. L’enfant de Nira était le produit d’une volonté. La volonté de nuire au village. Pourquoi ? Le récit de Draïn ne pouvait le conduire que vers La vallée de Tyhres. Toutes les antiques légendes, les récits des anciens parlaient du pays des démons. Les aïeux avaient recueilli aux temps jadis le témoignage des fugitifs de Tyhres. Tous parlaient de la race de Draal et de son pouvoir. Certain ignorèrent volontairement l’existence de la vallée sombre mais une partie des sages du village entretenait le souvenir. A présent, Un grave danger menaçait le village et peut être l’ensemble de la race des hommes. Devant l’inconnu, personne ne pouvait lutter. Draïn et lui avait longuement parlé, mesuré tous les risques. Ils étaient tombés d’accord, il fallait que Vallys se rende au cœur même du pays maudit, là où il pourrait découvrir les secrets des démons et revenir plus fort et plus armé contre la menace que représentait l’aberration.

    S’il ne rencontra aucune difficulté dans les terres connues, la seconde partie du voyage l’intriguait beaucoup plus. Dés l’approche des contreforts de la grande forêt, l’atmosphère devint lourde. Il ressenti autour de lui une impression mauvaise. Une sorte de volonté puissante dressée contre lui. Son avance devint de plus en plus difficile. La nature elle-même paressait hostile. Il progressait lentement, sans précipitation pour s’imprégner de l’environnement. Il s’était suffisamment préparé moralement pour ce voyage et était prêt à tout affronter mais avec perspicacité et détermination.

    Ca et là, les pistes se séparaient puis se recoupaient, formant un enchevêtrement complexe qui serpentait entre les rochers et les bosquets. Un souffle de vent frisait les rares herbes luttant avec les rochers pour la couverture d’un sol chaotique et inégal. Le paysage changeait rapidement et de grands murs rocailleux guidaient le voyageur vers on ne sait quel endroit toujours difficile à prévoir. La végétation recouvrait en partie les parois rocheuses. Le temps tournait à l’orage. La déchirure brutale des lourds nuages couleur de plomb fut précédée de puissants éclairs qui embrasèrent le fond du couloir naturel suivi par Vallys. C’est en cherchant un abri qu’il remarqua les premières cavités sur le flanc de la falaise. Une bonne dizaine de trous plus ou moins importants perforaient la pierre de leur gueules noir. Les plus bas se trouvaient à deux fois la hauteur d’un homme. Vallys, devant l’imminence de la pluie rechercha une cavité d’accès facile. Il escalada les quelques mètres et sur un rétablissement, pénétra dans l’orifice. La caverne semblait de bonne proportion. Elle aurait pu abriter une vingtaine d’hommes. Tout de suite, il remarqua le sol jonché d’herbe sèche si ancienne qu’elle tombait en poussière au moindre contact. Son esprit d’analyse se mit en marche. Cette grotte avait été habitée il y a sans doute fort longtemps. Habité ou pas, elle fera un excellent abri pour attendre la fin de l’orage et passer la nuit. Enroulé dans sa grande pelisse, il prit un peu de nourriture et vaincu par la fatigue se laissa gagné par le sommeil.

    Durant les deux jours suivant, il longea les mêmes falaises sur des chemins de plus en plus accidentés. Les cavités perforaient toujours les parois, de plus en plus nombreuses quelque fois de la taille des premières, quelque fois beaucoup plus vastes. Puis, petit à petit les murailles diminuèrent de taille pour se perdre dans le flanc même d’un sol en pente douce couvert de gros rochers et d’énormes et vieux arbres. C’est au centre d’une clairière que Vallys découvrit le premier autel de pierre. Une dalle plate en granit large de deux mètres sur un, reposant sur deux pains de sucre. Différents signes gravés ornaient la partie supérieure. Une rigole parcourait le tour du plateau de pierre dans sa totalité. A une des extrémités, au milieu de la rigole, la pierre était percée de part en part. Ce détail avait quelque chose de sinistre. L’homme pris son temps pour inspecter l’autel et les alentours du site. Derrière une haie d’arbres bas, dans une niche de rocher, il découvrit un amoncellement d’ossements humains blanchis par le temps. A présent il pouvait en être sûr, il se trouvait devant le premier autel de sacrifice du pays de Tyhres. Il devait en découvrir beaucoup d’autre. Quelque chose l’intriguait. L’ensemble du site semblait abandonné de longue date. Pas de trace de présence récente et vu l’état des ossements, les derniers sacrifices devait remonter à plusieurs années. Vallys quitta la clairière et se dirigea vers les frondaisons de la forêt primitive.

    Il avançait depuis plusieurs heures et l’impression d’hostilité devenait presque palpable. Il était de plus en plus sûr d’être surveillé, quelque chose ou quelqu’un savait sa présence dans la forêt mais se contentait de suivre sa progression sans aucune intervention. Le terrain devint plus accidenté. Il fallu contourné des tumulus et des troncs centenaires poussés presque à l’horizontal au grés des caprices de la nature. Un léger souffle frais balaya son visage. La forêt changeait. Devant lui, au pied d’une pente douce coulait la rivière de la forêt du Proho Sakaal, la rivière sans nom. Vallys resta de longues minutes à regarder les eaux caresser les berges herbues, se dédoublant pour cerner un rocher au milieu du courant et de nouveau se mêler dans une gerbe d’écume. Puis il comprit ce qui l’intriguait depuis son arrivé au bord de la rivière. Il pouvait entendre le murmure des feuilles qui filtraient le souffle du vent, le cri lointain d’oiseaux invisibles mais il ne percevait aucun bruit d’eau. La rivière coulait dans un étrange silence. Il eu l’impression d’être atteint de surdité mais une surdité qui ne toucherait que les sons provenant de l’eau. Le charme qui couvrait le pays Tyhres opérait.

    Il suivi la berge en amont à la recherche d’un éventuel gué. Quelque méandres plus loin, cinq ou six larges pierres plates lui permit de tenter la traversée. A quelques mètres de l’autre rive, il du pénétrer dans des eaux peu profondes. A chaque pas, l’eau semblait coller à ses jambes pour le retenir, l’empêcher de progresser. Encore un des enchantements du plateau sauvage. La rive est de la rivière perpétuait la grande forêt enclavée entre l’eau et des falaises peu escarpées. D’autres autels de sacrifice jalonnaient un semblant de chemin mais les pierres accusaient l’usure du temps. Il marchait depuis plusieurs heures lorsqu’il atteignit une vaste clairière au pied même d’une corniche abrupte. La clairière était entourée sur sa moitié par ce demi cercle de muraille entièrement percé de niches. Au centre un immense autel dominait douze monolithes de granit pur. L’autel de Kadvarra, il touchait au but. Dés l’instant ou il franchi la dernière ligne d’arbres, la sensation d’observation s’accentua. La pression devint écrasante. Il n’avait jamais autant ressenti l’imminence  du danger. Il fit un effort sur lui-même pour conserver un peu de calme et procéda à un examen lent et méthodique de la vaste zone dégagée. Il inspecta chaque pierre dressée, chaque recoin. C’est lorsqu’il tournait le dos à l’autel qu’il perçu la présence. Il se retourna lentement. Sur la grande table, les immenses ailes membraneuses déployées, le jiinns le fixait, immobile. Vallys marqua un temps d’arrêt, fasciné par l’apparition. Il n’avait rien entendu. Le grand démon semblait s’être matérialisé sur la pierre, statue fantastique aux yeux dorés. La bête était immense, l’extrémité des ailes reposant sur la pierre. Le corps tout en muscles, presque décharné qu’enveloppait une peau lisse couleur brouillard, supportait une tête longiligne aux mâchoires rectangulaires terminées par une excroissance cornue faite pour déchiqueter. Vallys ressentit instantanément la force du regard. Une chape d’autorité primitive annihilait toute volonté toute tentative d’initiative. Son champ visuel se rétrécit pour se résumer à deux yeux fascinants qui grandissaient et dévoraient l’espace. Leur éclat et leur lucidité soulevèrent en lui la nausée. Son esprit se vida de toute pensé. L’homme et l’animal face à face restèrent de longues minutes immobiles, l’un étudiant l’autre. Puis une voie calme au timbre grave résonna dans la tête Vallys.

     « Tu ressembles à la nourriture, tu as le fumet de la nourriture. »

     Là, le monstre fit une pose et scruta de nouveau l’humain.

    « Tu me poses un problème. Je ne peux me nourrir si je n’ai pas l’esprit clair. Que fais tu dans ce monde qui n’est pas le tien? Je te suis depuis ton entrée dans la vallée sombre. Malgré la peur qui te mord les chaires, tu avances de ton plein gré. Les humains de Tyhres ont disparu depuis bien longtemps. Ils étaient entravés par la peur et dociles comme du bétail. Je sens de la détermination au fond ton être. »

    « Si ceux de ma race craignent les grands démons, ils n’ont jamais baissé les yeux devant personne. Mon peuple est connu de vous depuis l’époque de Ghodroz. Les démons et les gents de Proïha se sont affrontés depuis la nuit des temps jusqu’au pacte de Gordoroht où ta race et la mienne ont décidées de


    respecter le territoire de l’autre. Il en est ainsi depuis des siècles mais quelque chose à changer. Une aberration est entré et vit dans mon village. Moi Vallys, fils de Tryam, je dit que les fils de Draal ont rompu le pacte des anciens. Je suis venu pour rencontrer le maître de Tyhres et le sommer de respecter un pacte qui nous a permis toi et moi de vivre sans crainte dans nos terres. »

    « Tu me surprends humain. Si ta force a les limites de ceux de ton espèce, ton orgueil est démesuré. Je peux t’anéantir d’un seul coup de griffe ou te faire endurer les feux de la douleur au gré de ma volonté. Mais je le répète, tu me poses un problème. D’une certaine manière, je vais accéder à ton désir. »

     Vallys, le corps toujours sans réaction vit le grand démon fondre sur lui. Un coup de rostre sur la tête lui fit perdre connaissance. Il se senti soulevé de terre puis ce fut le noir.

     

    ****

     

    La perception de la douleur fut le déclencheur de la prise de conscience de Vallys. Une onde de feu envahissait son subconscient puis ses membres réagirent. Les bras d’abord se détendirent sous l’impulsion de picotements insupportables qui disparurent rapidement. L’homme, par un réflexe atavique chercha un semblant d’équilibre et se redressa. La douleur le réveilla complètement. Il resta plusieurs minutes immobile pour se retrouver puis entrepris de se redresser de nouveau. La conscience revenait petit à petit. Un fond de terreur interdisait tout effort qui remettrait en route ses facultés de raisonnement. La peur, la peur ancestrale, la peur qui verrouillait ses mouvements, qui l’enfermait dans une bulle d’autoprotection, immobile, les yeux fermés comme seule preuve de son existence réelle. Il se sentait fétus dans la poche maternelle. Il roula sur lui-même et le contact d’un sol rugueux  le projeta dans l’environnement de la réalité. Il ouvrit les yeux. Dans une semi obscurité, des contours rocheux se devinaient petit à petit. A présent, il était en mesure d’affronter l’extérieur de son enveloppe, de se confronter avec ce qui n’était pas lui. Sans trop bouger, à demi couché, il balaya cette obscurité d’un regard circulaire. La cuvette dont il occupait le centre lui parue démesurée. La lumière du jour projetée d’on ne sait où colorait d’ocre et d’orangé des verticalités de pierre lisses et voilées. A quelques mètres, la masse d’un jiinns projetait son ombre sur la paroi. Le grand démon, statique comme une idole de marbre, ne regardait pas l’humain. Ses yeux ronds et dorés semblaient le traverser pour se perdre vers un point inconnu au-delà des limites de la caverne qui abritait la cuvette. A la vue de la présence de l’animal, la peur prie de nouveau possession de l’esprit de Vallys mais ses facultés de raisonnement reprirent rapidement leurs fonctions. Aucune impression de danger n’émanait de ce monstrueux voisin. Il était là un point c’est tout, gardien et au combien maître de la situation. Puis les heures passèrent dans un silence intemporel. Le jour baissait. Dans le froid qui avait envahi la caverne, Vallys entendit un grand froissement d’ailes et leva les yeux vers la partie supérieure de la cuvette. Yoth Sothot était là, perché sur un éperon rocheux. La voie grave et timbrée résonna de nouveaux dans sa tête.

    « Tu es réveillé humain. Te rends tu vraiment compte de la chance que tu as de posséder encore un peu de ta précieuse vie ? Nos appétits ne résistent pas à l’odeur de votre sang. Mais le maître Karabakh Kha souhaite te rencontrer. Le maître est seul décideur de la vie et de la mort dans la vallée de Tyhres. A plus tard humain ! »

    Quand Vallys ouvrit les yeux, il eu l’impression de sortir d’un tunnel de brume. Il ressentit la vie autour de lui. Une vie silencieuse fait de multiples respirations  animales. Douze jiinns l’entouraient, calmes, majestueux. Sur une crête qui surplombait la grande salle souterraine, un démon de par sa taille dominait tous les autres jiinns. Il paraissait vieux, très vieux. Le corps et les ailes couvertes de pelage gris anthracite, le rostre terne mais imposant tatoué de cicatrices anciennes. De son regard, de sa masse, de sa présence, se dégageait une extraordinaire impression de puissance, d’autorité sans faille.

    Karabakh Kha prit la parole. Sa voix était chaude et calme comme la voix d’un vieillard. Une voix apaisante mais lourde de menaces voilées.

    « Voilà des millénaires que les gents de ta race et de la mienne ne se sont plus rencontrer. Depuis la fin de la grande quête, les humains de ton peuple craignent les fils de Draal. Seuls, le gibier de la vallée et de la foret du Proho Sakaal se résignait, fournissant à nos frères la nourriture qui leur était due. Yoth Sothot m’a rapporté ta présence dans la vallée sombre. Nul humain ne peut y circuler impunément. Nul humain ne s’y aventure. La peur les paralyse comme les chiens sous l’orage. Tu devrais déjà être mort mais je veux savoir qui tu es, toi qui oses affronter ce territoire et défier ma puissance. Je te donne la parole, humain. Je déciderai de ton sort quand ma curiosité sera satisfaite. »

    «  Je suis Vallys fils de Tryam du clan des Gordorohts. Sache, démon que mon peuple s’est opposé au tien dans les temps anciens. Il vous a combattu avec courage et grâce aux bâtons de force, il a su conserver ses terres et sa liberté. Seul, les femmes et les enfants craignent les démons. Nous ne serons jamais ni vos esclaves ni votre gibier. Tu as raison démon, depuis des millénaires, nos peuples s’ignoraient et cela nous convenait parfaitement. Nous vivons sans haine et respectons la vie partout où nous la côtoyons. Si les fils de Draal respectent ce principe, ma présence dans ces lieux n’a pas de raison d’être. Mais je sais qu’il n’en est rien. Je suis venu de mon plein gré dans la vallée sombre parce que la trêve a été rompue par l’un des vôtres. »

    « Le peuple de Tyhres  n’a de comptes à rendre à personne et aucun humain ne pourra jamais nous défier impunément mais malgré tout, je t’écoute Vallys fils de Tryam. Qu’as tu à reprocher aux nôtres ? »

    « Je te l’ai déjà dit, mon village vie en paix avec toutes les créatures de la nature et la trêve entre nos races a résisté à de nombreuses générations. Mais un événement récent à semer le trouble chez les miens. Une femme a mis au monde un enfant. Un enfant qui porte la marque du malheur. Un enfant qui engendre la peur et détruit l’harmonie de notre communauté. Avant cet événement, un de tes frères a été vue survolant nos maisons et se posant une nuit au cœur même du village pour je ne sais quelle raison. Je le soupçonne d’être la cause de l’arrivé de cet enfant qui ne peut que nous nuire. »

     A la fin du récit de Vallys, Karabakh Kha resta un moment silencieux. L’ombre d’un souci obscurci brièvement la pureté dorée de son regard.

    « Je t’ai écouté avec patience, humain. A présent, je te renvoi à ton gardien mais nous nous reverrons très bientôt. Profites de ce petit supplément de vie, c’est un bien précieux. »

     

    ****

     

            Dans Le djïorm, Karabakh Kha réuni le conseil des douze. Il avait réfléchi toute la nuit. Cet humain l’intriguait. Il avait connaissance de la visite de Yoth Sothot au village et, s’il n’en avait pas tiré directement la signification, il était assez intelligent pour la comprendre. Là était le danger. L’enfant représentait la chose la plus importante au monde pour l’avenir même des fils de Draal. Il savait la race des jiinns sur le chemin du déclin. Bien sur, elle jouissait encore de l’immortalité mais pour combien de temps ? L’enfant devait vivre. Il était l’évolution incontournable de la vieille race, la garantie de pérennité mais aussi l’espoir d’un développement. Avec lui, un être neuf relançait la lignée. Un être qui, en plus des pouvoirs des jiinns devait supplanter les deux espèces, fondre et élargir les héritages, les acquis ancestraux des deux peuples. Bien sur l’enfant se présentait sous l’apparence humaine mais la survie était à ce prix. L’enfant devait vivre parce qu’il n’existait aucune autre alternative. C’était lui ou l’extinction et le néant à court terme.

    Dans Le djïorm, devant les douze, Karabakh Kha prit la parole :

    « Je vous ai réuni pour étudier le cas de cet humain et pour trouver la solution qui puisse nous garantir la réussite du projet qui, seul sauvera les fils de Draal de l’anéantissement. Sachez tout d’abord que l’enfant doit être élevé parmi les humains. Il doit faire parti de ce monde qui n’est pas le notre. Il doit s’intégrer et grandir chez eux. Il engendrera une nouvelle génération qui, un jour dirigera leur monde et certainement d’autres mondes encore inconnu de nous. Pour cela, rien ne doit entraver sa sécurité  ni ses chances de survie. »

    Yoth Sothot prit la parole à son tour :

    « Je ne pense pas que cet humain soit réellement une menace. Certes, il a fait le lien entre l’enfant et nous mais lui disparu, rien ne peu entraver la marche du destin. La semence a germée et l’avenir est assuré pour de nouveaux et magnifiques jiinns plus forts et plus jeunes. »

    « Je crois que la présence de cet homme n’est pas le fruit de sa seule volonté, dit Morhok. Si l’enfant était en danger immédiat, les humains l’auraient déjà mis à mort et ils ne se seraient pas donnés la peine d’envoyer l’un des leurs parmi nous. Ce voyage a un but bien précis. Ils ne savent pas ce que représente exactement la naissance de l’enfant. Ils le craignent et cherchent à comprendre. Le fils de Tryam et venu cherché la réponse à toutes ces questions qui les intriguent. »

    « Tu as raison dit Karabakh Kha si nous tuons l’humain, nous risquons de transformer leurs craintes en certitudes au détriment de la réussite de notre œuvre. En le gardant sous notre contrôle, nous conservons une monnaie d’échange en cas de besoin. Il en sera ainsi, l’humain restera sous la garde de Kraal temps que cela serra nécessaire. »

     

    ****

            De retour au fond de la cuvette, Vallys se réveilla dans les mêmes conditions que celles de sont arrivé au conseil. Une impression de flou, de tunnel de brume. Il était à présent en pleine possession de ses facultés et son sens de l’analyse fonctionnait en plein. Il fut frappé par la force et la maîtrise de la communication mentale utilisée par les démons. Aucun d’entre eux n’avait prononcé la moindre parole mais il les avait parfaitement compris. Il se senti frustré, lui qui décryptait si facilement les pensées des siens. Il eu une idée, une idée invraisemblable comme beaucoup d’idée mais il estima qu’il lui fallait encore un peu de repos. Le moment viendrait où il pourrait tenter une expérience inédite.

    Plusieurs semaines passèrent, ponctuées par l’alternance des périodes de clartés et d’obscurités qui correspondaient au jour et à la nuit extérieure et par les repas. La nourriture qui lui fut servi était essentiellement constituée d’un brouet verdâtre. Il n’y toucha pas pendant trois jours mais le quatriéme, la faim vint à bout de son aversion. Il fini par accepter le goût un peu fade du breuvage et apprécier ses qualités nutritives. Vallys, au fil des heures se remémorait les étapes de son voyage, les marches interminables qui l’avaient conduit de l’autre côté des terres connues. La lumière rasante qui pénétrait par l’ouverture invisible se reflétait sur les innombrables parcelles de quartz enchâssées dans la roche irisant les parois d’autant d’étoiles polychromes. Il se laissait bercé par le spectacle, son esprit, détaché du corps, errait par delà les monts, les vallées sauvages et les forêts. Il revit son village et les siens, le rythme de la vie, les anciens réunis pour attendre d’hypothétiques nouvelles. Il ressentit l’inquiétude qui régnait sur tous, la grande peur au fond du cœur des femmes et des vieillards. Le jiinns, gardien des lieux ne manifestait aucun sentiment, allongé en permanence sur le sol. Il regardait l’homme de ses yeux dorés qui fascinaient Vallys. Un regard qui traversait l’image de l’homme, semblant rechercher je ne sais quoi au-delà du visible. La bête ne dormait que sur le matin, les paupières closes, toutes ses fonctions au repos. Vallys qui s’était imposé un rythme de veille, mémorisait les cycles de l’animal. Il étudiait les temps de sommeil et les périodes de conscience. De temps en temps, il scrutait le jiinns au plus profond de son regard figé. Dans ses moments de concentration, il percevait parfaitement les ondes de pensée du démon. Ce qui dominait en permanence, c’était ce sentiment de calme et de puissance. Nulle crainte ne venait troubler ce mur de sérénité. Le jiinns maîtrisait parfaitement ses pensées, bien à l’abri de ses certitudes.

    Un matin, Vallys s’installa devant le démon endormi. Une légère brume recouvrait le sol de la cuvette rocheuse. Vallys ferma les yeux et se concentra sur les ondes de pensée du grand démon. Dans ses périodes de sommeil, le spectre de son esprit s’entrouvrait. Vallys, au travers d’un filtre de brume, percevait les images psychiques qui flottaient au plus profond du subconscient. Il vit la vallée défiler sous lui lentement. Il ressentit la faim de l’animal. La recherche perpétuelle de nourriture. Il ressentit également la crainte et le respect devant Karabakh Kha et les douze maîtres des airs. Mais le plus remarquable c’était la présence d’une préoccupation obscure, d’une attente sous jacente. L’esprit du démon ne matérialisait jamais cette pensée sous forme d’images. Ce qui aurait permit à Vallys de lever le voile sur les inquiétudes du jiinns. Après cette première expérience, il prit le temps de faire le point sur toutes ses découvertes depuis son arrivé dans la vallée de Tyhres. Les grands jiinns régnaient bien en maîtres sur les terres inconnues mais ils étaient moins nombreux qu’il l’avait imaginé. Les nombreuses cavernes des falaises à présent désertées devaient abriter jadis autant de démons. Qu’est ce qui affaiblissait la race des jiinns ?

    Les démons communiquaient par l’esprit. Ils se montraient capables de pénétrer dans les pensées mais ils entendaient également les voies humaines. Lui aussi était parvenu à pénétrer l’esprit du jiinns quant celui-ci relâchait son attention. Que se passerait il si le démon se réveillait à cet instant ? Fallait il poursuivre l’expérience plus avant ? Il décida de se consacrer en priorité sur le but de son voyage ; Quel rapport existait entre les jiinns et l’arrivé de l’enfant de Nira ? Quel danger représentait exactement pour le village cette aberration ? Comment la neutraliser avec ses pauvres moyens humains ? Cette avalanche de questions entama quelques peut sa détermination mais il se ressaisi rapidement. Les réponses se trouvaient ici, il en était de plus en plus persuadé.

     

    ***

     

    Un crépuscule violet noyait la vallée sombre dans son immobile beauté. Emergeant des brumes, la cime des grands sapins caressée par des lambeaux de nuage semblait peindre le ciel de couleurs rares.

    Sur la crête des falaises, tel des gargouilles, deux jiinns veillaient sur la forêt et au-delà des terres sauvages. Dans sa caverne, Karabakh Kha méditait. Il n’avait jamais eu de considération pour la race des hommes. L’histoire ancienne  lui avait appris à s’en méfier. Ils pouvaient être passifs et serviles mais le clan des Gordorohts était différent. Il avait résisté dans le passé à l’extension du territoire des jiinns avec efficacité et opiniâtreté. Les hommes de Proïha savaient se montrer intelligents et inventifs. N’avaient ils pas découvert les bâtons de puissance qui firent reculer les démons par la magie du feu bleu ?

    Et puis, bien qu’il refusait de se l’avouer, il était impressionné par la personnalité de Vallys. Que de complexité, de force et de calme chez cet humain. Le maître des démons pressentait dans cette créature inférieure un potentiel insoupçonné, une véritable harmonie naturelle qui le plaçait au dessus de ses semblables. Inconsciemment, Vallys l’attirait. A force de régner sans partage sur son peuple, une certaine lassitude s’installait et la présence de l’homme ajoutait un peu de piment dans son existence. Karabakh Kha regagna le grand djïorm. Il reverrait Vallys.

    Le silence des profonds corridors reliant les cavernes plombait la montagne de sa fantasmagorie, sortilèges peuplés de menaces sans noms. Rien ne troublait le poids des existences. Vallys pratiquait chaque matin à présent ce qu’il appelait son exploration spectrale. Il pénétrait facilement le non conscient de son gardien et par son intermédiaire, promenait son esprit dans le monde des démons, perçant de temps à autre d’autres vagues de pensées. Partout, il rencontrait les mêmes préoccupations, la même confiance dans la force de la race mais une grande crainte de l’avenir. Les jiinns avaient banalisé sa présence et avec l’accord du maître, il pouvait quitter de temps en temps sa prison pour un bref entretien avec lui. Karabakh Kha le recevait dans le djïorm seul ou parfois entouré des conseillers, les maîtres des airs. Les rapports se limitaient souvent à des interrogatoires méticuleux sur le clan des Gordorohts. Les réponses de Vallys se voulaient prudentes et suffisantes pour garantir la protection des siens. Mais il réussi dans se dialogue de diplomates à arracher de précieux renseignements qui lui permis de lever une partie du voile de mystère qui recouvrait la crainte des démons. Mai c’est en sondant l’esprit de Yoth Sothot qui put enfin approcher la terrible vérité. La bête venait lui rendre visite régulièrement, poussé par sa propre curiosité. Son orgueil personnel le poussait à se confronter à Vallys. Il voulait vérifier en personne les paroles choquantes du maître sur les qualités développées chez l’humain. Pour Vallys, il fallu beaucoup plus de temps pour arriver à entrer dans l’esprit du grand démon. Celui-ci, membre des douze maîtres des airs possédait un caractère noble et dominateur. La méthode qui était toujours la même, ne pas prolonger la conversation plus d’une heure ou deux et l’écourter sur une interrogation, se montrait payante. Dans sa volonté de domination, le jiinns, emporté par son raisonnement avait laissé pour la première foi une faille ouverte dans sa forte protection mentale. Cela a suffi à Vallys pour mémoriser cette porte psychique et la clé pour y accéder. Il lui fallu attendre de longs jour pour utiliser ce précieux sésame. Un matin, Yoth Sothot observait Vallys de l’extérieur de la cuvette. Kraal dormait de par son habitude. Vallys se concentra sur l’esprit de son gardien. Les images courantes apparurent mais l’homme ne s’y attarda pas. Il remonta jusque dans l’esprit de Yoth Sothot. Le grand  jiinns, les ailes membraneuses déployées bien à plat sur la roche, semblait somnoler. L’homme remonta le temps et revit la nuit qui recouvrait son village, la descente à côté de la hutte de Nira. Il assista à la transformation toujours soupçonné par les siens mais jamais prouvé. Puis l’épisode de la nuit le laissa prostré. Il mit fin à l’introspection dans un état de choc profond. Il venait de comprendre le but final des événements depuis le début de cette étrange aventure. L’enfant représentait un danger encore plus grand qu’il ne pouvait l’imaginer. Il devait être le vecteur d’une nouvelle race. Les choses allaient donc si mal chez les démons de Tyhres? Ils leur fallaient assurer la pérennité et sous une forme si fantastique, si incroyable !

    A présent, il n’avait plus rien à découvrir. Mais l’importance et la difficulté de la tâche qui l’attendait l’effrayaient.






    [ Annuaire | VIP-Site | Charte | Admin | Contact Usus ]

    © VIP Blog - Signaler un abus