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Les chroniques de l'impossible
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Les chroniques de l'impossible

VIP-Blog de usus
  • 11 articles publiés
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  • Créé le : 02/02/2010 05:56
    Modifié : 12/02/2014 14:39

    Garçon (64 ans)
    Origine : Toul
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    Pourquoi un blog

    02/02/2010 06:25

    Pourquoi un blog



    Bonjour

    Et bien ,ça y est. J'ai sauté le pas. J'ai créé mon blog. Mais il faut que je commence pas le début. La littérature fantastique, je suis tombé de dans tout petit et la marmite était trop grande, je n'en suis jamais sorti. Un jour, poussé pas je ne sais quelle impulsion, j' ai caressé mon clavier et mon premier texte en est sorti. Très vite, ses petits frères ont suivi. A présent, il sont une douzaine et un treizième en gestation. Mes lecteurs, je les trouvent actuellement dans le cercle restreint de mes amis. J'aimerais à présent élargir ce cercle. Public chéri, je t'offre en pâture ce premier texte. C'est un hommage à H.P. Lovecraft mon maître. Bonne lecture.

     
       

     

     

     

     

     

    ఋఋ      NECRONOMICON      ఋఋ

     

     
     
     
    Je voudrais rendre hommage à H.P. Lovecraft mon maître en fantastique à qui j'ai «emprunté» le mythe des grands anciens.
    P.L.
     
     
    Du plus loin que remonte la conscience de l'humanité, les lois universelles qui régissent l'ordre immuable du mécanisme cosmique ont à la fois effrayé et attiré l'homme. Les grandes terreurs ont précédé et accompagné chaque pas de l'homme vers la connaissance. Chaque avancée le projette vers son ego et repousse d'autant le spectre de l'inconnu. Mais sa peur reste gravée dans ses gènes depuis la nuit des temps. Son besoin de comprendre est en perpétuel conflit avec son horreur d'être confronté avec des forces qui le dépassent. Certains ont osé franchir leurs propres limites, défricheurs de terres vierges, insatisfaits permanents, d'autres, réfugiés dans le confort des civilisations assises, déroulent leur existence comme un rêve sans histoire.

    La Miskatonik University d'Arkham a conservé l'unique exemplaire du Necronomicon, version arabe de 750 après JC, version originale sous le titre d'Al Azif. C'est un ouvrage du poète arabe fou Abdul Alhazred.

    L'ouvrage a été traduit 2 fois, une fois en allemand (1223) et une fois en espagnol (1521). Une traduction anglo-saxonne de 1924 existerait à la Bibliothèque Nationale de France mais, restée à l'état de manuscrit, elle n'a jamais été éditée. Tous les exemplaires et traductions de l'ouvrage ont été interdits de diffusion par tous les gouvernements du monde. On soupçonne l'existence de plusieurs exemplaires clandestins en circulation. Le contenu de l'ouvrage est de nature à bouleverser toute la conception actuelle de notre monde moderne. Déjà, Cybelius Karlstein en 1224 fut excommunié et condamné à l'internement à vie en établissement pour aliénés après avoir commenté en public les chapitres fondamentaux d'Al Azif.

    Au cours des siècles, de nombreux chercheurs, philosophes et intellectuels se sont regroupés en cénacle, dans le secret, pour travailler en profondeur et exploiter toutes les directions possibles à la lecture et à l'interprétation des multiples nuances et facettes de l'étrange ouvrage, bravant ainsi la chape d'interdits séculaires.

    ***

    La petite bourgade de Presre se niche dans le creux d'un ancien bassin formé par l'effondrement d'une plateforme argilo-calcaire au centre de la région nièvroise. Malgré son aspect banal et paisible, le visiteur un tant soit peu observateur et possédant une certaine sensibilité, ne manquera pas de remarquer une atmosphère particulière et dense. Cette ambiance est accentuée par la présence de quantités de vieilles pierres, demeures hors d'âge ou constructions à vocation plus ou moins oubliées qui garnissent généreusement le vieux centre ville.

    A son arrivée à Presre, Bruno ressentit immédiatement l'influence de ce milieu chargé d'histoire. L'impression était plus intuitive que consciente.

    Il était arrivé au train de onze heures à la gare de Tull et de là, le taxi l'avait déposé au pied de l'hôtel restaurant du « Dé noir », dix-huit kilomètres plus loin.
    Bruno avait l'habitude de s'imprégner des lieux, de se fondre sans a priori ni retenue dans un endroit nouveau avant d'attaquer les activités qui l'amenaient à se déplacer si souvent.

    Après un repas frugal, le besoin de détente, plus que sa curiosité habituelle, dirigea ses pas dans les étroites et tortueuses ruelles du quartier des Ladres, véritable labyrinthe, enchevêtrement de passages couverts, croisements, étranglements et quelques fois culs-de-sac d'origine souvent inexplicables. De nouveau, l'ambiance du lieu éveilla en lui l'instinct du chercheur. Cet inexplicable besoin de savoir et de voir aboutir ce qui l'a fait tant voyager depuis quelques années et a conduit ses pas jusqu'à ce musée grandeur nature qu'était la vieille cité.

    Bruno remonta nonchalamment la rue du Gave jusqu'aux sept marches de pierres qui définissent le commencement de la ruelle de l‘Estay. La hauteur et l'étroitesse du passage accentuaient encore la lumière crépusculaire. Les murs étaient lisses, les portes basses et massives, souvent cloutées. Autour des fenêtres étroites, les bandeaux de pierres décorées de figures sculptées témoignaient de leur âge. Sur les faces grimaçantes des bas-reliefs, la patine du temps avait nivelé les arêtes.

    De rares passants n'arrivaient pas à troubler le calme ou le presque silence un peu lourd de cet îlot de pierre. Bruno, perdu dans ses pensées, ne prêta pas attention au gamin qui le bouscula légèrement en le croisant, lancé dans sa course de gamin. Ce n'est que quelques minutes plus tard, en cherchant un briquet dans sa poche, qu'il sentit sous ses doigts le morceau de papier.

    A l'ombre d'un balcon à rambarde, dans un demi couloir ouvert sur la ruelle, l'entrée du minuscule café passait presque inaperçue. Devant un demi, Bruno sortit le papier de sa poche en essayant de se souvenir de son origine. Il déplia la feuille et son regard devint perplexe. « La Grange Brune, rayon des ignorés. N'attendez pas trop ». Son esprit d'analyse se mit automatiquement en marche et une foule de questions se bousculèrent. Il prit le temps de boire une gorgée de bière, et nota dans son carnet les interrogations au fur et à mesure quelles se présentaient. Qui avait glissé ce message dans sa poche et pourquoi ? Le gamin ? Etait-ce une plaisanterie ? Ou quelqu'un était au courant du but de sa visite à Presre. Il garda encore quelques instants le papier dans sa main, juste pour en examiner les détails, le caractère de l'écriture entre autres puis le remit dans sa poche et quitta le café.

    ***

    Tout avait commencé trois mois plus tôt dans une petite ville de l'est de la France. L'oncle Charly était un original de quatre-vingt trois ans, le regard pétillant de malice, bon pied bon œil. L'oncle Charly ne se posait jamais de question devant un bon repas ou un verre de vin fin. Toute cette vitalité naturelle le maintenait dans une perpétuelle soif d'activité entretenue également par une curiosité jamais rassasiée. Le jour où Bruno, à l'occasion d'un bref passage dans sa ville vint saluer son parent, il le trouva préoccupé. Cette situation assez peu ordinaire suffit à éveiller l'intérêt du neveu. Le vieil homme, habitué à régler ses problèmes seul, se fit un peu prier avant de se confier à Bruno. À la fin du repas du soir, tous deux s'installèrent dans le salon et allumèrent leurs pipes devant un verre de cognac.

    « Je travaille depuis environ trois ans sur un sujet qui, s'il est peu connu et assez discret, n'en est pas moins des plus passionnants. » C'est par ce préambule que débuta le récit de l'oncle Charly. « La disparition d'un ouvrage rare de la bibliothèque municipale n'est pas vraiment un événement en soi mais la nature même de l'ouvrage a réveillé de vieux souvenirs. Le >De Vermis Misteriis de Ludwig Prinn édition originale. Je me suis retrouvé trente ans en arrière, lorsqu'un vieil ami, Antoine Brieux, est parti brusquement pour les Etats-Unis après avoir consulté l'ouvrage. Malgré ma curiosité et les liens qui me rapprochaient de mon ami, je n'ai plus jamais entendu parler de lui. D'autres occupations me retenaient à l'époque et le sort de mon ami est petit à petit sorti de mon quotidien.

    « Lorsque j'ai appris par la presse locale la disparition de l'ouvrage, le besoin de savoir m'a chatouillé l'esprit. De quoi traitait cet ouvrage et pourquoi a-t-il déclenché ce départ précipité d'Antoine à l'époque ? Ma vie actuelle me laisse beaucoup plus de liberté, ainsi ai-je décidé de commencer une enquête discrète pour éclaircir cette affaire, si affaire il y a. »

    « Je te passe les divers détails de mes recherches pour arriver à recueillir les renseignements qui m'ont permis de retrouver la trace historique de l'ouvrage.
    Saches qu'il m'a fallu deux longues années pour découvrir un second exemplaire de ce livre et en connaître un peu plus sur son contenu. »

    « Ludwig Prinn dans son ouvrage a étudié les traces des civilisations anciennes, très anciennes, quelques fois aux origines indéfinies. Le travail de recherche du comte s'est largement inspiré d'un autre recueil plus ancien et plus sulfureux, appelé Al Azif ou Necronomicon. Le Necronomicon a tout de suite fouetté ma soif de savoir. Que peut attirer plus la nature fouineuse de l'homme que l'interdit ? »

    « Durant l'année passée, j'ai parcouru le monde en quête des rares exemplaires d'Al Azif susceptibles d'exister, mais à chaque découverte j'ai eu l'impression que quelqu'un m'avait précédé dans mes recherches. La seule exception à ce constat concerne l'exemplaire de l'université d'Arkham où seuls, d'infranchissables lourdeurs et formalités administratives ont formé un solide barrage entre le livre et moi. Lors de ma visite à la Miskatonik University, j'ai fait connaissance d'un étudiant américain, Ron Grand. Nous nous sommes rapidement découvert des atomes crochus. Grâce à Ron, j'ai pu consulter un extrait du chapitre III du Necronomicon. Ce que j'y ai découvert est beaucoup trop grave pour être décrit avec légèreté. De retour en France, j'ai appris que Ron avait été récemment agressé d'une façon assez étrange. Le correspondant américain qui m'a fait part de ces faits m'a également appris qu'un proche camarade de Ron se trouvait actuellement en France, à Presre exactement. J'aurais aimé contacter ce Barthélemy Weills, mais je travaille actuellement sur une traduction du chapitre III, et quelque chose me dit que le temps n'est pas à la négligence. L'agression de Ron m'inquiète, et je voudrais en savoir plus sur ce livre et tous les événements qui se sont greffés autour. »

    C'est ainsi que Bruno s'était retrouvé en route pour Presre. A la sortie du café, il se dirigea vers l'extérieur de la cité, là ou les commerces se sont installés, à l'écart du labyrinthe du centre historique. Sur une plaquette imprimée, il découvrit ce qu'il cherchait : Le passage des Greffiers se situe entre la ruelle des Forges et la rue Droite. Ce passage couvert abrite bien une boutique de bouquiniste appelée ‘ La grange brune’. La vitrine étroite et poussiéreuse projetait un semblant de lueur orangée sur les pavés du passage. Bruno poussa la porte et entra dans la boutique. Il ressentit aussitôt une impression de calme, de temps ralenti, de choses endormies, en attente. Sur les murs latéraux et empilés sur toute la surface, des livres de toutes sortes, de toutes origines, livres qui dévoraient également le plateau et l'étagère du bureau écritoire qui occupait le fond de la pièce. Quelques gravures et eaux-fortes s'empilaient dans un carton posé contre le côté du bureau. Bruno ne sut pas exactement à quel moment la voix cassée mais calme du vieillard vint le sortir de sa rêverie devant les vieux volumes.

    « Souvent le fruit de la recherche n'est connu qu'après la découverte. »

    Le vieillard était là, au milieu de la pièce, comme une apparition.

    « Je n'aime que les pages qui se trouvent sous les pages. »

    «  Permettez-moi de vous guider vers les ignorés, je suis sûr que vous trouverez de l'intérêt à nos collections. »

    Emboîtant le pas au vieil homme, Bruno quitta la boutique par une petite porte discrète car invisible de l'entrée. Un couloir sombre puis un escalier les emmenèrent à l'étage. Deux pièces occupaient apparemment l'ensemble de l'étage. À droite, une baie vitrée enchâssée dans une boiserie de vieux chêne ciré dévoilait un vestibule éclairé par deux lampes de cuivre. Sur la gauche, le bouquiniste ouvrit une lourde porte ouvragée et s'effaça pour laisser entrer son client. La pièce était sombre. Une lourde tenture occultait l'unique fenêtre. Comme dans la boutique, partout les livres étaient les maîtres des lieux mais là, tout était structuré, ordonné. Une harmonie régnait sur les rayons. Une odeur de cuir, de vieux papier et de poussière saturait la pièce. Les collections sagement alignées présentaient leurs couvertures de cuir aux couleurs uniformes.
    Le boutiquier ouvrit une vitrine aux verres colorés protégés par des grilles ouvragées. Une vingtaine d'étranges volumes occupait les deux rayonnages. Ce n'étaient déjà plus des manuscrits, mais pas encore des livres. Les couvertures massives trahissaient une origine ancienne.

    Il y avait là Les tables de Drevius dans sa première édition, >De Vermis Misteriis de Ludwig Prinn, Le traité des règles orientales du philosophe Mohamed Yuzoufir, Le livre de Pthat d'Abraham Merritt, Etudes à Salem de Conrad de Sochal et d'autres reliques, témoignages de la recherche des hommes au travers des siècles. Le vieil homme attendit patiemment que Bruno se soit imprégné de l'ambiance.
    Je crois que le temps est venu de faire connaissance avec Ludwig Prinn pensa
    Bruno. Il prit le livre et s’installa sur la petite table de lecture.

     « Je vous laisse consulter, le calme est l'allié du chercheur. »

    Le temps passait. Bruno prit une grande quantité de notes. Il se décida à refermer l'ouvrage environ deux heures après l'avoir ouvert. En refermant la couverture arrière du livre, il s'aperçut que le rhabillage était décollé. Bruno tira discrètement le morceau de papier plié de la couverture et le glissa dans sa poche. En quittant l'étage et la boutique, il ne croisa personne. Le vieillard semblait avoir disparu. En rentrant à l'hôtel du « Dé noir », un message attendait Bruno. C'était un télégramme de l'oncle Charly : « Barthélemy Weills t'attend ce soir au café des Alpes à vingt-et-une heures ». Il était à peine dix-huit heures, il prit le temps de se doucher et de commander un solide repas.

    Au fond du café, un jeune homme à lunettes, d'apparence chétive, se leva à son approche.
    « Bruno Campos je présume ? Je me présente : Barthélemy Weills. J'ai eu du mal pour arriver jusqu'à vous. »

    « J'ai entendu parler de vous par Charly, en quoi puis-je vous être utile ? »
    « Je suis au courant de vos recherches communes. Je suis venu vous faire part de mon inquiétude. Je crois que vous êtes en danger. Suite à son agression, Ron est décédé. J'ai eu des précisions sur cette affaire. Ron a été découvert dans les faubourgs d'Arkam dans un état de totale prostration, le visage marqué, comme cyanuré, les mains brûlées. Malgré les soins prodigués à l'hôpital, il ne s'est jamais remis et son état n'a fait qu'empirer. La semaine dernière, le personnel de service l'a entendu hurler un soir. Le temps de rejoindre sa chambre, l'infirmière l'a découvert mort, le visage ravagé par une expression de terreur. Ron a changé après avoir lu les copies d'un ouvrage de la bibliothèque de l'université. Il est devenu grave, préoccupé. Pendant plusieurs jours, il a disparu, puis un jour il m'a appelé. Il voulait me faire part d'une découverte importante, me donnant rendez-vous le soir même. Je me suis rendu au lieu convenu mais il ne s'y est jamais présenté. J'ai appris son agression le lendemain matin dans les journaux. Je suis passé dans sa chambre pour récupérer les quelques affaires qu'il possédait. Là, dans une pochette, j'ai découvert un billet comportant l'adresse de « La Grange Brune » avec un commentaire : « peut-être un maillon de la solution sinon tout est perdu ».

    « Quelqu'un ma également dirigé volontairement vers cette boutique. Qui, et pour quelle raison ? »

    « Lorsque je m'y suis présenté, tout paraissait abandonné depuis longtemps. Aussi, je n'ai pas insisté. »

    « Pourquoi ai-je pu entrer et pas vous ? Encore une question en suspens. J'ai pu avoir accès à des ouvrages rares et faire avancer mes recherches. »
    « Existe-t-il un rapport avec ce que vous avez trouvé à « La grange Brune » et ce qu'a découvert Don ? »

    « Je le crois, mais il me faudrait la clé commune entre ces ouvrages. Toutes les notes que j'ai prises en consultant le De Vermis Misteriis me renvoient à la redécouverte d'anciennes pratiques liées à une époque de la civilisation pré assyrienne. Les références sont directement liées au Necronomicon. Ce que je peux affirmer c'est que l'exemplaire du De Vermis Misteriis a été visité avant ma propre consultation. J'y ai trouvé un message volontairement placé, là où on était sûr qu'il serait découvert. Ce message assez opaque parle d'un site aux Etats-Unis à côté de Providence et d'un autre à Arkham. »

    « Décidément, la cité d’Arkham revient souvent dans cette affaire. »

    « Un petit voyage aux Etats-Unis s'impose, mais je vais déjà tenir Charly au courant de nos découvertes. »

    « Si cela ne vous dérange pas, je suis prêt à vous accompagner. De toute façon, je dois rentrer aux Etats-Unis. »

    « Barth, vous êtes incroyable, vous me mettez en garde contre le risque que représente la poursuite de mes recherches et en même temps, vous voulez le partager. »
    « Tout d'abord, je ferai tout pour que soient élucidées les circonstances de la mort de Don. D'autre part, cette enquête me dévore l'esprit, je meurs d'envie de joindre bout à bout toutes les pièces de ce puzzle avec ou sans danger, et si mon offre de collaboration ne vous satisfait pas, je reprendrais la suite de mes recherches en solo. »

     Bruno éclata d'un franc rire :

    « Ne vous mettez pas en colère, j'accepte votre compagnie bien volontiers. A nous deux je crois qu'on va retourner des montagnes. »

    Les deux nouveaux amis se séparèrent après avoir convenu d'une date de départ.

    Dans les collines qui environnent Providence, nombre de petites vallées et combes diverses restent isolées, inhabitées et souvent d'accès difficile, ce qui rend la région souvent inhospitalière. La Stouth de location avait bien du mal à avancer parmi les fréquents virages, étranglements et mauvais nids-de-poule de la route. Barth pilotait, Bruno contemplait ses notes pour la dixième fois depuis le départ de Geen Peeck.

    « J'ai l'impression de ne plus avoir la notion exacte de l'espace et du temps depuis que nous sommes engagés dans cette partie du pays. Voilà des heures que nous roulons, virage après virage, colline après colline et c'est toujours le même paysage qui défile. »

    « Les bras et la nuque commencent à me faire souffrir, nous allons faire un petit arrêt et je cèderai le volant bien volontiers. »

    La vieille Stouth s'immobilisa sur un petit surplomb rocheux d'où on pouvait apercevoir à la fois l'entrée d'une combe peu profonde et le versant boisé d'une dépression plus importante. Entre deux groupes de conifères, un œil exercé aurait remarqué un éboulis, reste de construction ancienne.

    Cette minuscule différence dans la monotonie du paysage n'échappa pas à Bruno.
    « Mon vieux Barth, quelque chose me dit que nous sommes peut-être tout prêt de notre but sans le savoir. »

    Il désigna du doigt la trouée dans la ligne d'arbres. Deux à trois cents mètres environ les séparaient de l'éboulis. Ils laissèrent la voiture sur le bord de la route et après s'être équipés du matériel qu'ils avaient préparé, ils se dirigèrent vers le fond de la dépression. Quelques minutes plus tard, ils remontaient le versant est et après avoir contourné un impressionnant amas de rocs, arrivèrent devant la trouée d'arbres. L'éboulis était effectivement la dernière extrémité d'une construction basse, sorte de muret d'environ un mètre de haut qui se prolongeait vers la gauche. Le muret qui suivait la courbe naturelle du terrain s'enfonçait dans la combe. Vers le fond, le muret bordait une sorte de voie pavée de grosses pierres plates et patinées. La côte à cet endroit était littéralement ouverte par une étroite et franche faille. La voie pavée occupait toute la largeur de cette faille qui, au fur et à mesure, se rétrécissait pour finir par pénétrer dans la colline par une voie naturelle consolidée d'une petite arche de pierre. Les deux compagnons entrèrent dans la fissure.

    A vingt mètres environ de l'entrée, les torches devinrent indispensables. Le passage continuait tout droit avec régularité. La roche au dessus de leur tête était assez compacte et assez stable pour se passer de renfort artificiel. Ils avançaient rapidement.

    Bruno se demandait ce qu'il cherchait exactement dans cet endroit et également ce qu'il allait y découvrir.

    La roche grise fit place petit à petit à une couche épaisse de granit de teinte gris vert. La voie pavée s'inclina après avoir légèrement virée sur la gauche. Des filets d'eau suintaient des parois et filaient dans le sens de la pente.

    Le passage s'élargit et bientôt une lueur de jour fit place à l'ombre opaque de la voûte.

    Le couloir naturel débouchait sur une sorte de bassin entièrement environné de pentes abruptes. De larges esplanades pavées alternaient avec des bouquets d'arbres d'essences diverses.

    Au fond de l'espace le plus découvert, une construction de pierres ornait l'entrée d'une grotte de dimensions importantes. La façade était formée de blocs sculptés de bas-reliefs représentant des faces de démons grimaçants et autres animaux mythiques. L'imposant fronton était entièrement recouvert de caractères bizarres et archaïques.

    A peine entrés, les deux hommes ressentirent le souffle glacé qui balayait la partie antérieure, véritable vestibule de la grotte. Une odeur indéfinissable flottait dans un air humide et lourd. La caverne par elle-même, de dimensions conséquentes, abritait sous une voûte régulière à environ trente mètres du sol, un ensemble semi-circulaire de pierres taillées et polies d'une vingtaine de mètres de diamètre. La ressemblance avec des sièges d'amphithéâtre était flagrante. Comme point central de cet ensemble, adossé à une paroi verticale et couverte d'ornements, un imposant monolithe semblait surveiller l'ensemble de la salle. L'œil de ce cyclope de pierre était constitué d'un énorme miroir d'une matière indéfinissable. Le reflet diffusé par cet étrange objet était très pur, mais sans luminosité et avec des dominantes bleues. Devant ce rocher, deux poteaux de pierre équipés d'anneaux métalliques étaient scellés à environ un mètre soixante l'un de l'autre. L'ensemble évoquait immanquablement un lieu de sacrifice païen.

    Après avoir minutieusement inspecté les moindres recoins, Bruno s'intéressa plus particulièrement aux bas-reliefs gravés autour du rocher central. Certaines formes lui parurent familières. Entre autre, il reconnut une représentation schématique de poulpe aux tentacules largement détendus et disposés en étoile. Où avait-il déjà vu ce type de symbole ? Et, comme un flash, la réponse lui vint. Le De Vermis Misteriis.  Il sortit les notes qu'il avait collectées chez le bouquiniste. Il remarqua vite sous le poulpe gravé une inscription à demi effacée (volontairement ou par le temps). Les premiers mots débutaient également une phrase relevée dans le livre rare, une incantation.

    Presque sans s'en rendre compte, à voix basse, comme s'il pensait tout haut, Bruno prononça les premières paroles de l'incantation.

    Sans qu'il soit possible de définir avec exactitude à quel moment le phénomène se produisit, le miroir se mit à briller doucement. Le reflet perdit de sa pureté et finit par disparaître. Une odeur marine emplit la caverne. Barth, pétrifié par la surprise, observait Bruno. Il allait se passer quelque chose. Il devait se passer quelque chose. L'atmosphère encore alourdie absorbait jusqu'au moindre bruissement dans une sorte de ouate.  Les contours des objets se mirent à onduler. Quelque chose commença à se matérialiser dans le miroir. A ce moment, Bruno cessa son incantation et le silence envahit la salle de pierre. Le rocher était rocher, le miroir était miroir, rien n'était différent.

    Barth avait l'impression d'avoir été déconnecté de la réalité comme lorsque l'on ferme les yeux quelques secondes sous le coup d'une grande fatigue et que l'on a l'impression d'avoir dormi des heures.

    « Que s'est-il passé ? »

    « Je n'en ai aucune idée, mais j'ai arrêté à temps. »

    « Pourquoi arrêté à temps ? »

    « Parce que quelques paroles de plus et je pense que nous aurions eu de la visite assez dangereuse à fréquenter. »

    « Qu'est-ce qui te fait dire ça ? Sois plus clair ! »

    « Eh bien, je ne sais pas si tu as bien observé le miroir mais au moment de l'apparition, la forme était assez floue. Et petit à petit, c'est devenu plus clair, plus précis. Juste au moment où j'ai arrêté de déclamer, pendant une fraction de seconde, j'ai aperçu une pieuvre noire avec des yeux jaunes perçants. Ça avait l'air de grossir et de se rapprocher très rapidement. Je devais très vite prendre une décision, soit continuer et laisser s'achever ce qui était déjà pas mal avancé, soit arrêter immédiatement le processus. Je ne sais pas pourquoi, mais je savais qu'en arrêtant l'incantation, tout redeviendrait normal. »

    « Et pourquoi as-tu fait ce choix ? »

    « Parce que le temps n'est pas venu pour ce genre d'expérience. Nous n'en savons pas assez et nous ne sommes pas prêts. Malgré tout, cette journée n'a pas été stérile en enseignements et j'ai enfin fait le parallèle entre le premier site et les livres maudits. »

     

    ***

     

    Wiminna tremblait. Depuis deux jours, elle n'avait pas quitté le réduit où l'avait cachée son cousin. Depuis deux jours elle vivait cet enfer, l'oreille tendue au moindre bruit, perpétuellement aux aguets.

    Que devait-elle faire ? Continuer à attendre ? Quoi, un éventuel signe ? Drahan ne s'était plus manifesté depuis la veille au soir. La peur lui serrait la poitrine et lui paralysait l'esprit. Sa vie avait basculée depuis que les chamans la recherchaient.

    Jamais personne n'avait résisté aux chamans. Mais pour elle, ce qui s'était passé n'était pas logique. Et puis il y a eu Rohw. Rohw qu'elle aimait et qui lui avait fait ce merveilleux cadeau de bonheur tout au long de la grande nuit.

    Le grand Gurht lui avait annoncé, elle avait retenue l'attention des chamans le jour de ses dix-huit ans. Ceux-ci l'avaient choisie pour la présentation de la lune ronde. La tradition voulait que chaque élue ressente ce choix comme un honneur malgré sa signification réelle. Toutes les jeunes filles qui ont été présentées au Kraken ne sont jamais revenues. La légende dit qu'elles vivent à présent dans un Eden en récompense de leur vertu et de leur virginité.

    Wiminna n'était plus vierge. Rohw l'aimait. Elle aimait Rohw. La violence de cet amour lui avait donné la force et le courage de s'enfuir et de se rebeller contre la décision des chamans. Et puis les femmes ont toujours eu un doute sur la véracité de la légende. Les victimes sont plus dociles quand on leur promet le bonheur éternel.

    Les heures passaient, Wiminna devait prendre une décision. Au moment où elle entendit le bruit, l'homme franchit la porte du réduit.

    « Je viens de la part de Drahan. Il faut faire vite. Les chamans resserrent l'étau. Je vous ai apporté des vivres et à boire. »

    Wiminna but une longue gorgée dans la gourde de peau. Quelques secondes après, tout se brouilla autour d'elle et ce fut le trou noir.

    Dans la salle du conseil, Driman rendit compte de sa mission au grand chaman.
    « Ce fut facile, elle est encore endormie dans la petite salle du temple. Les novices vont la préparer. »


    « Je te remercie Driman. Les choses sont rentrées dans l'ordre et ce fâcheux incident sera vite oublié. »

    Quand Wiminna ouvrit les yeux, elle ne reconnut pas la pièce qui l'entourait. Elle se rendit compte qu'elle était nue. Quatre jeunes femmes étaient occupées à soigner sa toilette. Deux d'entre elles la coiffaient avec beaucoup de soin, nattant ses longs cheveux noirs. Les deux autres passaient sur l'ensemble de son corps une huile fine et odorante. Wiminna ne se sentait pas la force de résister. Elle n'en avait pas non plus l'envie. La drogue qu'elle avait avalée devait certainement réduire sa volonté. La toilette terminée, les novices l'habillèrent d'une longue robe blanche rehaussée de broderie d'or et de pourpre. Sa tête fut ornée d'un diadème et on lui fixa à chaque cheville trois bracelets d'or fin.

    Quand elle fut prête, une des novices partit prévenir le grand chaman.

    On accédait au temple du Kraken par un plan incliné pavé de dalles patinées par l'usage et situé devant l'hôtel où le peuple priait. Le large couloir souterrain passait sous l'hôtel et débouchait sur une vaste salle circulaire. Lors des cérémonies de présentation, les neuf chamans du registre prenaient place sur les bancs de pierre disposés en demi-cercle autour du miroir d'appel.

    Précédé des porteurs de trompe et de trois rangs de frappeurs de tambours, le cortège sacré pénétra dans le temple. Deux hérauts ouvraient la marche, suivis des chamans en grande tenue d'apparat. Venait ensuite la vierge présentée, entourée de quatre gardes. Les réciteurs, les dignitaires puis le peuple fermaient le cortège.

    Quand tout le monde eut pris sa place, les gardes approchèrent Wiminna entre les poteaux de pierre puis lui fixèrent les mains sur les anneaux de métal.

    Wiminna ne semblait pas se rendre compte de la situation. Elle se laissait guider, le regard vague, totalement détaché de l'instant.

    Un brouhaha venant de la foule emplissait la caverne. Le peuple, habitué à la cérémonie de la présentation, espérait une plus grande qualité dans le spectacle. La vierge choisie n'a-t-elle pas tenté de fuir ?

    Le grand chaman se leva. D'un geste du bras, il fit taire les trompes et attendit que la foule respecte le silence indispensable à la bonne marche de la cérémonie.

    Petit à petit le calme régna dans la salle. Le grand chaman prit son temps. Derrière le parchemin jauni de son visage, un total détachement témoignait d'une grande habitude du rite. Il tenait son auditoire d'autorité. Le silence devint lourd et durait.

    Alors le maître de cérémonie leva les bras. A sa main gauche brillait l'anneau du Kraken. Il commença à psalmodier une longue litanie devant le miroir d'appel.

    Les huit autres chamans et les récitants répondaient à voix basse aux appels de la prière. Le rythme des psaumes accélérait et retombait. Le martèlement étouffé de tambours guidait la litanie, lui donnait le tempo, enveloppait les paroles ancestrales. La lueur des torches projetait des ombres mouvantes sur les murs du temple. Seul le miroir d'appel ne reflétait aucune lumière. La vague brillance bleutée était parfaitement inerte.

    Tout était prêt pour l'appel. Le grand chaman, d'une voix grave et distincte prononça la formule qui ouvre la voie de communication entre les espaces éthérés et notre monde. Le miroir petit à petit se brouilla. Les tambours battaient encore et toujours, obsédants. Le visage des célébrants était figé, cernant les yeux dans leur fixité quasi hypnotique. L'intensité lumineuse de la pièce baissa. Une légère brume s'échappa du miroir et envahit l'espace. L'odeur marine devint plus puissante et petit à petit, presque insensiblement dans un lent fondu enchaîné apparut la forme. L'image très floue et petite au départ, grossie en taille et en netteté au centre du miroir. Les premiers tentacules d'un noir brillant sortirent de l'espace délimité par la porte de la voie. Le monstrueux animal avançait inexorablement vers le centre de la place. Les neuf tentacules d'abord puis, surmontant un corps flasque et ondulant, la tête oblongue avec ses deux yeux jaunes, froids, fascinants.

    Ce n'est qu'aux derniers instants que Wiminna prit conscience de la situation.

    Sa bouche s'ouvrit, mais aucun son n'en sortait. La dernière vision que le peuple eut de la jeune fille se résuma à un regard où se lisait la terreur. Les tentacules se refermèrent sur le jeune corps, les liens disparurent des anneaux et le monstrueux visiteur quitta rapidement le temple par où il était apparu emportant dans ses griffes Wiminna sans connaissance. Tout était fini.

    Pour la première fois, le visage neutre du chaman exprimait un semblant de sentiment. Il pouvait être rassuré, le Kraken avait accepté l'offrande. Le clan vivrait en paix toute l'année. Il savait parfaitement que son autorité et celle de son ordre étaient à ce prix.

    ***

    Dés leur arrivée à Arkham, Bruno et Barthélemy Weills quittèrent le centre de la ville historique pour se mettre à la recherche de la Miskatonik University. Ce n'est pas que les deux amis se désintéressaient de la vieille cité dont le passé, chargé d'histoire et de bien des mystères, aurait mérité de longues et passionnantes études, mais le but de leur visite et leur soif de voir avancer les recherches ne leur permettait pas ce genre de tourisme.

    Ils découvrirent l'université dans la vallée de Long Vergénas, à quelques kilomètres des derniers faubourgs de l'agglomération. La propriété était constituée de plusieurs ensembles de constructions dont le groupe principal était formé de trois corps de bâtiments en U. L'ensemble architectural, d'inspiration néo-gothique espagnole mâtinée d'éléments mauresques, présentait aux yeux des visiteurs un étonnant contraste avec l'harmonie et la cohérence de l'architecture anglo-saxonne, victorienne, qui caractérisait la plupart des bâtiments de la ville. L'auberge où ils s'installèrent ne trahissait pas le style de sa grande voisine. Leur première démarche fut de s'inscrire en tant que consultants à la bibliothèque de l'université. Ils décidèrent de commencer leurs recherches le lendemain, préférant consacrer l'après-midi à la visite des bâtiments.

    Dans la cour d'honneur, le professeur Worms leur proposa de les guider dans la découverte de ce petit univers que constituait la grande école. Dans l'ensemble, l'intérieur des bâtiments respectait l'aspect qu'en donnait l'extérieur. Tout dans ces constructions paraissait trop massif, voire disproportionné, comme si l'architecte qui avait conçu les trois impressionnantes bâtisses avait eu des rêves d'éternité. Les escaliers monumentaux, les immenses couloirs couverts de voûtes ogivales, les sculptures massives des chapiteaux renforçaient cette impression de force et de durée. Le grand hall central était le point de départ de vastes et nombreux escaliers qui desservaient apparemment bien plus que les niveaux supérieurs. Aux étages, le tracé des couloirs qui menaient aux chambres et salles d'étude défiaient les lois de la logique. Partout le visiteur ressentait ce besoin de surprendre qui avait inspiré l'esprit créateur du premier maître des lieux.

    L'histoire de l'université était assez curieuse. Au dix-septième siècle, un certain Jerémyas Walconne, émigrant écossais, s'installa dans la région. Très vite, des rumeurs circulèrent sur son compte. Ses activités nocturnes inquiétèrent les habitants de la province mais on ne put jamais rien trouver d'illégal ni de moralement répréhensible. Sa fortune d'origine inconnue ne cessait de grandir et, deux ans après son arrivée, il acheta dans la vallée de Long Vergénas cent cinquante hectares de terrain où il  entreprit de construire un ensemble destiné à abriter une école expérimentale où seraient étudiées toutes les sciences rejetées par l'académie officielle. Son goût du baroque influença le style des constructions et il en résulta la propriété telle qu'on pouvait la voir actuellement. L'&eac





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